Porto

Perché entre les cimes corses et l’écume turquoise, à mi-chemin entre Ajaccio et Calvi, Porto n’est pas un simple point sur une carte. C’est une halte suspendue entre mer et maquis, une carte postale qui prend vie dès qu’on y pose les pieds. On pourrait croire que ce petit port de poche vit dans l’ombre de Piana ou de Scandola mais il suffit d’y passer une nuit ou mieux, d’y traîner ses sandales au lever du soleil, pour comprendre qu’ici, le silence a de l’écho et les falaises de la gueule.

Une histoire de tour, de pierre et de pêche

Porto, aujourd’hui rattaché à la commune d’Ota, n’était autrefois qu’un recoin discret fréquenté par quelques pêcheurs coriaces. Puis le tourisme est passé par là et la marine de Porto s’est peu à peu réveillée, construite sur les galets et les rêves de ceux qui fuyaient les foules du sud.

Point d’orgue de cette renaissance, la tour génoise trône fièrement au-dessus des flots, comme un vieux gardien de pierre qui veille sur le golfe. Carrée, chose rare en Corse, elle n’est pas là pour faire joli. C’est un témoin des siècles passés, dressé au XVIe siècle pour guetter les invasions venues de la mer. Depuis son sommet, le panorama est vraiment sympa : à gauche, les calanques de Piana en feu au coucher du soleil et à droite, les crêtes du Capo d’Orto qui mordent le ciel.

Tour génoise de Porto sur les falaises corses, dominant le golfe dans la région d'Ota

La mer en cinémascope

Ceux qui pensent que toutes les plages corses se ressemblent n’ont clairement jamais étalé leur serviette à Porto. Ici, oublie le sable fin : place aux galets ronds et brûlants, aux vagues parfois hargneuses et à une lumière qui joue avec les roches rouges comme dans un western marin.

Vue panoramique de Porto en Corse avec la tour génoise, la plage de galets et le port de plaisance au pied des montagnes

Mais le vrai spectacle, c’est sur l’eau que ça se passe. Depuis la marina, les bateaux partent au rythme des claquements de sandales sur le ponton. En un clin d’œil, on se retrouve face à la réserve naturelle de Scandola, joyau brut classé par l’UNESCO, où les cormorans nichent sur des falaises volcaniques et où l’eau turquoise nous a presque fait oublier que l’on n’avait pas encore déjeuné. 😉

Voiliers naviguant dans le golfe de Porto en Corse, entouré de montagnes et de maquis méditerranéen
Voilier au large du golfe de Porto en Corse avec vue sur les montagnes de la réserve de Scandola au coucher du soleil

Autre option (ou à faire absolument si vous avez le pied marin) : longer les calanche de Piana, ces sculptures minérales façonnées par le vent et le sel, rouges comme la braise et aussi déconcertantes qu’un mirage. Depuis la mer, c’est un tout autre monde où chaque rocher semble raconter une histoire.

Porto côté montagne : une autre Corse

Et si vous voulez prendre un peu de hauteur (au sens propre), direction le Capo d’Orto qui culmine à 1294 mètres. Rien de tel qu’une rando matinale pour observer le golfe encore engourdi dans la brume. Les jambes tirent mais la vue au sommet est un poème. En contrebas, le village de Porto ressemble à une maquette et la mer au loin n’est qu’un trait d’encre bleue.

À quelques virages de là, le village d’Ota accueille les vacanciers avec ses maisons en pierre, ses balcons fleuris et son calme d’un autre temps. Ici, on ne vend pas de souvenirs, on cultive la discrétion. C’est le genre d’endroit où le silence est un luxe et où les spécialités corses prennent tout leur sens : charcuterie, fromage de caractère et l’inévitable fiadone maison.

Village d’Ota en Corse, niché au pied des montagnes, avec ses maisons en pierre et son clocher rose typique

Jean-Pol GRANDMONT (CC BY)

Bons plans, vrais plaisirs

Vous cherchez un bon spot pour boire un verre ? Allez traîner du côté de la marina en fin d’après-midi, quand le soleil caresse la tour génoise et que l’air sent l’iode et le pin. Vous y trouverez de petits restos sans prétention, parfaits pour déguster un poisson grillé ou une assiette de pâtes aux langoustes, le tout les pieds presque dans l’eau.

Port de plaisance de Porto en Corse avec ses bateaux amarrés et les bâtiments du village adossés à la montagne

Côté hébergement, Porto mise sur l’authenticité plus que sur le bling-bling. Pas de grand complexe ici mais des hôtels familiaux et quelques pépites nichées dans la verdure où l’on s’endort avec le murmure des vagues et le chant des grillons.

Porto, c’est le genre de village qui ne se donne pas tout de suite. Il faut prendre le temps de le découvrir, tranquillement. C’est une base idéale pour explorer la côte ouest corse mais aussi une destination en soi, pour ceux qui aiment les coins un peu sauvages, les belles vues et les endroits qui ont encore une âme.