À l’extrême sud de la Corse, là où le maquis effleure la mer et où les rochers ressemblent à des sculptures oubliées, le sentier des Bruzzi déploie ses charmes sans tambour ni trompette. Rien d’artificiel ici : juste la nature brute, un vent parfois teigneux et cette impression grisante d’être seul au monde, entre ciel, terre et sel. Nous avons vraiment adoré notre balade (la baignade aussi) sur le sentier des Bruzzi.
Un sentier qui ne se laisse pas apprivoiser tout de suite
On y accède par une petite route qui quitte Pianottoli-Caldarello, puis en suivant un chemin jusqu’au parking du Conservatoire du littoral. Pas de panneau aguicheur, pas de foule en tong : juste un sentier, un vrai, bordé d’asphodèles, de bruyères arborescentes et de genévriers de Phénicie, qui mène tout droit vers l’un des plus beaux morceaux de littoral corse.
Dès les premiers pas, le ton est donné : ça sent la résine chauffée au soleil, les cigales donnent le tempo et les rochers de granite, polis par les siècles et sculptés par le vent, balisent votre progression comme de vieux sages muets.
Entre la plage de Vénus et celle de Corail, un duel de sensations
Le sentier serpente entre les fourrés, grimpe un peu, redescend vers la mer et vous voilà devant deux options :
la plage de Vénus, douce et méditative, ou la plage de Corail, plus sauvage, plus brute, plus vivante.
À Vénus, on chuchote, on contemple. L’eau y est limpide, le sable blond et la roche évoque les courbes d’une statue antique échouée là par hasard. De l’autre côté, à Corail, place au masque et au tuba : les fonds regorgent de vie, les posidonies ondulent et les foraminifères rouges dansent sur les pierres. C’est un petit paradis pour les explorateurs à palmes.
Une presqu’île sous haute protection (et pour cause)
Ici, on ne pêche pas, on ne bivouaque pas, on ne jette rien : le site est protégé et on comprend vite pourquoi. Ce petit coin de paradis, classé dans le Parc Marin International des Bouches de Bonifacio, abrite une biodiversité marine exceptionnelle. Les dauphins passent parfois au large, les mérous se planquent dans les rochers et les cormorans huppés nichent à l’ombre des îlots…enfin il paraît car nous, on n’en a pas vu 😉 Quant à la patelle géante, ce mollusque discret et en voie de disparition, elle broute tranquillement les algues à marée basse. Si vous ouvrez l’œil, peut-être la verrez-vous.
Le vent comme sculpteur, la mer comme décor
Là où le vent souffle depuis des millénaires, il ne laisse rien au hasard. Il taille les buissons, peigne le maquis et sculpte les rochers en formes étranges, presque surnaturelles, qu’on appelle les taffoni. Entre deux pointes, des criques secrètes s’ouvrent, comme des récompenses pour ceux qui prennent le temps. On longe des murets de pierre sèche, on grimpe, on redescend et parfois, on s’arrête juste pour écouter le silence.
Astuces de randonneur averti
🕓 Comptez deux bonnes heures pour faire la boucle, voire un peu plus si vous prenez le temps de vous baigner (ce qu’on vous recommande vivement).
🎒 À prévoir dans le sac : eau, crème solaire, chapeau, maillot, masque et tuba et des jumelles si vous voulez observer les oiseaux sans les déranger.
⚠️ Rappels utiles : pas de feu, pas de camping, pas de prélèvement. Ici, on regarde, on savoure mais on ne touche pas.
📍 Départ : depuis Pianottoli, direction Caldarello, puis suivre les panneaux vers Kevano. Le parking se trouve 2 km après le camping.
Pourquoi le sentier des Bruzzi mérite le détour ?
Parce qu’il ne ressemble à rien d’autre. Parce qu’il conjugue paysages de carte postale et vie sauvage bien réelle. Parce qu’on y marche à l’ombre d’arbres résistants au feu, dans un décor façonné par les éléments. Parce que c’est un concentré de Corse dans ce qu’elle a de plus pur, de plus brut, de plus vrai.
Alors si vous aimez les coins secrets, les eaux cristallines et les randos qui sentent bon le romarin et la liberté, le sentier des Bruzzi est pour vous. Et si vous n’aimez pas…tant mieux : il restera un peu plus sauvage encore.